En 1672, la France et l’Angleterre déclarent la guerre aux Provinces-Unies (Hollande, Zélande, Overijssel, Frise, Groningue, Gueldre et Utrecht, qui forment actuellement les Pays-Bas).
Ce conflit est alors motivé à la fois par des raisons territoriales, la France souhaitant mettre la main sur les Pays-Bas espagnols (Nord, Pas-de-Calais) et la Franche-Comté – et commerciales, les Provinces-Unis faisant une concurrence aux marchands français jugée déloyale par Colbert avec des tarifs douaniers très avantageux et disputant aux Anglais la maîtrise des principales voies maritimes. Et, pour Louis XIV, c’est aussi l’occasion de se venger de l’insolence des Hollandais qui avaient émis des médailles injurieuses à son égard quelques temps auparavant.
Les troupes françaises vont alors accumuler les succès au cours des premières semaines de cette guerre et il s’en faut de peu pour que l’affaire soit réglée rapidement. Seulement, Louis XIV, sur les conseils de son ministre Louvois, ne va pas jusqu’à Asmterdam. Et les Hollandais sauvent la mise en provoquant l’inondation de leurs terres en rompant les écluses, ce qui arrêtera la progression française.
Sur les mers, la situation tourne à l’avantage de la flotte des Provinces-Unies, commandée par l’amiral Ruyter. Ce dernier inflige à la marine britannique un revers cuisant à Solebay, au large de Suffolk, le 7 juin 1672.
Un an plus tard, la flotte française, qui, commandée par le comte d’Estrées, est d’un format relativement modeste par rapport à celui de ses adversaires, engage le combat aux côtés de la marine britannique au large des côtes de la Zélande contre des vaisseaux hollandais. L’issue de cet engagement ne sera pas déterminant, chaque camp pouvait revendiquer la victoire.
C’est donc dans ce contexte que la frégate La Magdeleine, qui croise en juin 1673 au large de Dunkerque, tombe par surprise sur une avant-garde de la marine hollandaise. Et le combat qui s’annonce va être terrible, le navire français, commandé par le capitaine Préville, étant disposé à vendre chèrement sa peau.
Les choses commencent très mal pour La Magdeleine, qui est incendié par un brûlot, une embarcation, qui, chargée d’explosifs, a pour mission de s’accrocher aux flancs d’un navire afin de le couler. Le capitaine français, voyant qu’il n’y a plus rien à faire pour sauver son navire, donne l’ordre à son équipage de se jeter à l’eau pour aller s’emparer du Dordrecht, un vaisseau hollandais.
Les marins de La Magdeleine, le capitaine de Préville à leur tête, finissent, au prix d’un effort incroyable – et aussi grâce à l’erreur du capitaine du Dordrecht, qui a cru, dans un premiers temps, qu’ils cherchaient à se rendre – par se hisser sur le pont du navire hollandais. S’ensuit alors un violent combat, fait de coups de sabre, de poignard et de décharges de mousquet.
La situation des Français est alors désespérée quand un autre navire de la marine royale, La Reine, arrive sur les lieux. Et son capitaine ne met pas longtemps à comprendre la situation. Il décide d’aborder le Dordrecht et le rapport de force change… au point que les Hollandais sont contraints de céder et les couleurs françaises sont hissées en haut du grand-mât de leur navire.
Seulement, le bilan est lourd. Le capitaine Préville, sérieusement blessé, est évacué à Dunkerque. Et là, le chirurgien tombe de haut : l’officier qu’on vient de lui amener est une femme… Malheureusement, les soins qui lui sont prodigués ne suffiront pas à la maintenir en vie. Et Louise-Marguerite de Bréville s’éteindra le 26 juin 1673, soit un jour après la mort de Charles de Batz-Castelmore, comte d’Artagnan, lors du siège de Maastricht.
Le destin de cette femme aura été pour le moins atypique. Issue d’une vieille famille noble, elle avait fait le voeu de faire comme ses aïeux et de s’engager dans l’armée. Ce qu’elle fit, après avoir laissé croire qu’elle s’était faite enlevée par des brigands dans son manoir.
Arrivée à Paris, et revêtue d’habits masculins, elle avait réussi à s’engager dans un régiment sous le nom de Préville. Mais elle en fut chassée après avoir tué en duel un officier. On lui prête ce mot, qu’elle aurait adressé à sa victime : « Apprends à ta honte qu’une femme t’a vaincu ».
Finalement, grâce au concours de l’amiral d’Estrée, un ami de sa famille, Louise-Marguerite, toujours considérée comme un homme, embarqua à bord d’un navire de la marine royale. Et manifestement, elle prouva à de maintes reprises son courage, notamment lors d’affrontements en Méditerrannée, contre les « Barbaresques ». Son comportement au feu lui lui valut le commandement de La Magdeleine, une frégate de 36 canons.
Quant à la guerre contre les Provinces-Unies, au cours de laquelle , elle tourna à l’avantage de Louis XIV. Elle se termina par le traité de Nimègue de 1678, lequel donna à la France la Franche-Comté ainsi que plusieurs places fortes flamandes dans le Nord-Pas-de-Calais.
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