Aux origines de ce qui va devenir la plus formidable épopée militaire de tous les temps, il est une ville : Rome !
Ses premiers occupants étaient un ensemble de tribus disséminées sur un territoire de 1800 Km2 sur la rive droite du Tibre, le Latium. Le Mont Palatin, situé près d'un gué, devint très tôt une place forte et tout autour s'éleva une agglomération des le VIIIe siècle.
Passons sur le mythe de sa fondation par les deux frères Romulus et Rémus que tout le monde connait et sur la période de domination étrusque pour entrer dans le vif du sujet.
Un événement en particulier marque le début de l'expansion romaine. En -376, le général Marcus Furius Camillus à la tête de 3 000 soldats s'empare de la ville étrusque de Veis. C'est la première fois que Rome s'empare d'une cité d'une telle taille, la région qui l'entoure est si vaste qu 'elle augmente de 60% le territoire romain. Cette victoire marque le début d'une conquête qui va durer huit siècles.
Mais, en ce IVe siècle, le soldat romain n'est pas encore le légionnaire tel qu'on se l'imagine.
Pieds nus, vêtu d'une grossière et courte tunique beige, son armement est largement inspiré de celui des grecs, grande puissance de l'époque et modèle du bassin méditerranéen.
Une longue lance de deux mêtres ( en frênes ), un grand bouclier rond en bois recouvert de bronze et un casque, lui aussi en bronze, pourvu de protège-joues et surmonté d'un petit cimier, voila l'équipement de base. Les cuirasses, très chères, sont fort rares et réservées aux officiers. Il semble cependant avoir largement utilisé les pectoraux, une petite plaque de cuivre de forme rectangulaire protégeant le coeur.
A cette époque, l'état de guerre entre les cités est endémique. Juqu'a l'avénement d'Auguste ( 27 Av. J.C ), Rome ne connaitra que deux périodes de paix, symbolisées par la fermeture du temple de Janus.
De plus elle dispose d'un territoire fort convoité car très fertile et situé sur le seul gué navigable du Tibre.
Les romains sont donc obsédés par sa défense et par la force de son armée, mais dans le même temps cette admiration se teinte d'une grande méfiance envers ces citoyens armés auxquels ils concèdent le droit de tuer. Cela se verra tout au long de l'histoire politique de la cité.
Pour bien séparer le civil du militaire, Rome va mettre en place tout un rituel d'une dimension quasi religieux.
Toutes les campagnes débutent au printemps, par le rassemblement des forces combattantes sur le célèbre champs de Mars, situé à l'extérieure de l'enceinte de la ville. Il s'agit par là de clamer l'inviolabilité de la cité. Les hommes en armes ne pénètrent pas dans Rome. Plus tard, il sera même interdit aux légions de dépasser un fleuve au nord de la ville : le Rubicon. D'où l'épisode célèbre et l'expression encore usité de nos jours.
De la même manière, a la fin des campagnes, vers le mois d'octobre, la dissolution des armées est marqué par le passage des combattants sous un arc de triomphe. Par cet acte, les soldats démobilisés redeviennent de simples citoyens.
Entre le VIe et le IVe siècle, les occasions ne manqueront pas de faire appel a ces citoyens-soldats.
Pour une population estimée entre 20 000 et 30 000 personnes, Rome est capable de levé 3 000 combattants.
Cette levé, à l'origine du mot Légio, est assurée par les trois tribus qui se partagent la ville : chacune doit recruter un millier d'hommes et cent cavaliers.
Cette structure sera la base de la future légion, mais comment combattent ils ?
Et bien pas encore en cohortes, manipules et centuries mais à l'image des autres grandes puissances de l'époque, les grecs et les étrusques.
Il s'agit de pousser l'adversaire hors du champs de bataille en utilisant la masse des combattants. On se bat épaule contre épaule, le bouclier du voisin de droite protégeant la partie découverte du voisin de gauche. Une bonne illustration de ce type de combat nous est donné au début du film Troie.
Quoi qu'il en soit, les soldats romains de cette époque ne sont pas très efficaces ! ils forment tout au plus une grosse milice de cultivateurs, sans grand entrainement, mobilisés apres les semis et libérés pour les labours.
Mais Rome dispose d'un atout un peu inattendu : son système fiscale !!!
Comme nous l'avons dit, la région est riche, et l'état romain va se lancer dans une entreprise d'inquisition fiscale inconnue à l'époque. Tous les cinq ans, des censeurs publics établissent un recencement de toutes les familles romaines et de leurs fortunes. Cela permet de levé l'impot et de mobiliser ces citoyens aisées.
Les pauvres, les Plébeiens, qui n'ont rien a défendre sont eux exemptés de service militaire.
Très vite ce système va permettre de lever de 4 000 à 6 000 combattants et à mesure que les besoins augmentent, ainsi que le territoire, d'autres classes seront crées, le montant des fortunes pour en faire partie plusieurs fois abaissées, l'armée parviendra a aligner 20 000 hommes au IIe siècle.
Les romains profitent donc du nombre... mais bien vite cela ne suffira pas. La grande variétés d'aversaires qu'ils sont amenés a combattre, leurs tactiques guerrieres vont bousculer leurs habitudes.
Au centre de l'Italie, dans les régions montagneuses, les tribus locales lancent des raids et combattent avec des javelots. A l'est, les tribus gauloise des bords de l'Adriatique emploient des stratégies brutales de corps a corps, et puis il y a les Samnites.
Au début du IVe siècle, ce peuple puissant est en pleine expansion. Il avance vers la Campanie, la riche plaine qui s'étend au sud de Rome. Il faudra trois guerres ( -343/-341, -326/-304, -298/-290 ) aux romains pour en venir a bout.
En presque un siècle de guerre, les romains vont largement s'inspirer de ces ennemis redoutables ( qu'ils intégreront en masse dans leur armée ).
Ils découvrent de nouvelles armes et tactiques, bien souvent supérieures aux leurs. Les Samnites, plus légèrement équipés que l'hoplite, combattent en petits groupes autonomes, protégés par des boucliers rectangulaires. Ils affaiblissent l'adversaire en l'accablant de javelots, avant d'attaquer au glaive ou à la hache.
C'est une révolution ! Ce que les historiens appellent : la révolution manipulaire.
De là nait le pilum, ce javelots de bois prolongé d'une hampe en fer d'une vingtaine de centimètres dont la particularité est de toujours retomber la tête en bas et qui s'avère difficile a retirer des boucliers une fois planté. Les rendant ainsi... inutilisables.
Jusqu'a maintenant, les phalanges romaines combattaient par groupes de 200 à 300 hommes. Solides, parfaites pour le corps a corps, elles étaient cependant trop lentes, fragiles sur les ailes et l'arrière, et incapables de faire face aux tirs d'escarmouche.
Vers -320 Rome imite ce que Tite Live appelle les " Cohortes samnites " et adopte une disposition qui donne plus d'autonomie a ces soldats.
Ceux-ci se battent desormais en poignée ( d'où le mot manipules ), unités tactiques de 120 hommes et la structure de l'armée elle même en est modifiée.
En ordre de bataille, elle se range en trois lignes ( Triplex acies ) de dix manipules.
La legion est née.
Dans sa forme définitive de 4 500 homes elle se compose de 1 200 hastatis, 1 200 principes, 600 triaris, 1 200 vélites et 300 cavaliers. Six tribuns militaires la commande.
A SUIVRE......
Ce texte est largement inspiré du magasine Guerres et Histoire n°6 et de son article écrit par Eric Tréguier.
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