Critique et premier test de March of eagles de RGS. (Réseau strategium).
Le jeu s'annonce plus tactique, malgré sa prédominance wargame.
L'odeur de la poudre, les officiers hurlant "serrez les rangs" à l'infanterie en train de se faire décimée par l'artillerie adverse, les magnifiques cuirassiers chargeant les lignes d'infanterie et au sommet de la colline le général observant l'ensemble du champ de bataille.
C'est donc dans le tumulte des guerres napoléoniennes que Paradox nous invite avec March of the Eagles qui couvrira la période 1805-1820.
Mais avant de me lancer dans une présentation détaillée du jeu (réalisé à partir d'une version beta), je tiens à préciser que je partais avec un mauvais pressentiment en lançant le jeu. Au vu des carnets de développement le jeu ne me semblait pas très ambitieux et je craignais de le trouver ennuyeux, surtout en le comparant avec mon jeu préféré sur cette période qu'est Crown of Glory. Comme vous allez le voir, sans être euphorique mon avis sur le jeu sera plus équilibré.
Commençons par le lieu où le joueur passera le plus clair de son temps :
La carte
Sans surprise, d'un point de vue graphique, elle correspond au standard actuel de Paradox : très jolie pour un jeu de grande stratégie.
Couvrant l'Europe de Lisbonne jusqu'aux portes de l'Oural et à la Perse occidentale ainsi que l'Afrique du Nord, la carte comprend un très grand nombre de province, un peu sur le modèle Hearts of Iron 3.
Seule une partie des provinces abritent des villes rapportant de l'argent, de la main d'œuvre, etc. , le reste des provinces n'est là que pour servir à la manœuvre mais les développeurs semblent avoir oublié que les guerres napoléoniennes ne sont pas la seconde guerre mondiale avec ses percées et encerclements à l'échelle stratégique. Mais cette carte nous pousse donc à la guerre de mouvement et au cache-cache. J'ai ainsi pu poursuivre une unité de moins de 1000 soldats perses qui suite à la défaite de leur armée ont mis le cap vers le nord, ont dépassés Tsaritsyne et reconstituaient leurs effectifs au fur et à mesure... Vous serez heureux d'avoir quelques satellites dont les petites armées s'occuperont de chasser les petits groupes ennemis qui auraient réussis à passer vos lignes.
Entrons dans le cœur du jeu :
la guerre !
Un développeur avait annoncé sur leur forum que March of the Eagles serait le jeu le plus tactique qu'ils n'aient jamais développée. Et en effet on a un contrôle tactique sans précédent : alors qu'avec le dernier add-on pour Hearts of Iron, Paradox avait introduit la notion des tactiques dépendants des compétences du commandant et d'une réglette à disposition du joueur permettant de régler le niveau d'agressivité des tactiques, dans March of the Eagles, il sera possible de choisir la tactique à tenté d'appliquer et ce pour chaque parties de l'armée.
Faire une feinte, un assaut résolu, faire charger la garde, etc. Chacune des tactiques peut provoquer divers événements de combat et donne divers bonus lors des 3 phases (le bombardement, le combat et la poursuite). Cependant le choix n'est pas totalement libre : impossible de choisir l'assaut de la garde si le groupe ne comprend pas de garde, la tactique du délai requerra quant à elle une bonne présence de cavalerie et d'infanterie légère
Reprenant le système introduit dans Crusader Kings 2, notre armée se divisera en 4 groupes : le centre, ses 2 flancs et la réserve. Chacun de ses groupes est commandé par un général, la réserve étant réservée au commandant en chef de l'armée qui observera le champs de bataille, réaffectera les unités et engagera des unités de la réserve.
Nouveauté très sympathique : le rapport de bataille qui décrit heure par heure le déroulement des combats. On y apprend ainsi que les fantassins plaisantaient sur le fait que l'artillerie semblait partie pour faire tout le boulot, qu'hélas le plan du général ne se déroula pas du tout comme prévu à cause du terrain très accidenté, etc. On regrettera cependant qu'il ne s'affiche que dans une petite partie de la fenêtre de rapport du combat : pouvoir le lire dans une plus grande fenêtre avec plus de 6 lignes à la fois aurait été un petit plus agréable.
A l'issu du combat chaque général peut avoir gagné un trait en fonction de la tactique et des unités utilisés (difficile de devenir un spécialiste en artillerie sans pièces d'artillerie)
Et la marine dans tout ça ? Ce côté est là est clairement moins passionnant : aucun choix à faire en dehors de la composition de la flotte et de son commandant... On aurait pu espérer que Paradox ferait quant même quelques efforts de ce côté là mais ce n'était clairement pas une priorité pour eux...
Mais pourquoi fait-on la guerre ?
Dans March of the Eagles l'objectif est de dominer à la fois sur terre et sur les mers. Chacune de ces deux dominations est représentée par le fait de prendre certaines provinces (déterminées en fonction du pays joué)
SI à la fin du jeu (1820), personne n'a réussit cet exploit, alors le vainqueur est celui qui dispose du plus de prestige
Si la guerre est l'élément central de ce jeu, qu'en est-il du reste ?
La diplomatie du canon
On s'y attendait au vu des vidéos et c'est confirmer : vous voulez attaquer la Bavière ? Oh et bien ne vous gênez surtout pas. Ici pas de système de Casus-Belli, la seule condition étant de ne pas avoir de bonnes relations avec ce pays (et si vos relations sont bonnes, quelques insultes bien senties, contre un peu de prestige, suffiront à dégriser le bouton "déclarer la guerre")
Qui dit pas de Casus Belli dit pas d'objectifs de guerre. Donc lors des négociations vous pourrez exiger ce que vous souhaitez : n'importe quel territoire, la libération d'un satellite, l'annulation d'un accord avec un autre pays, etc.
En 20mn de jeu j'avais donc agrandit l'empire d'Autriche de la quasi totalité de la Bavière (le reste devenant satellite) et pendant ce temps là, la Prusse faisait de même avec la Saxe. Puis en 1808, après avoir roulé sur l'armée ottomane, l'Autriche s'agrandissait encore... Il ne tenait qu'a ma fantaisie d'aller affronter l'empire russe pour lui arracher les deux villes nécessaires pour ma domination terrestre.
Clairement le jeu ne cherche pas à nous imposer lourdement le contexte historique.
A noter qu'il n'existe que deux alliances (appelées coalitions) : une est dirigée par le dominant terrestre contre le dominant naval et l'autre par le maître des mers contre le dominant terrestre.
en vert et bleu respectivement les provinces à tenir pour la domination terrestre et navale et de la Russie
La paix ? Ça sert à quoi ça ?
Dans March of the Eagles on pourrait définir la paix comme la période, destinée à être assez courte, s'écoulant entre deux guerres. Principales activités en temps de paix : étoffer les armées, les réorganiser et construire quelques améliorations provinciales.
Elles ne sont guère nombreuses et se résument à : dépôts, forts, ports, développement économique et route.
Le développement économique augmente les impôts de la région et quant aux routes, elles augmentent la capacité maximale en unité pouvant être ravitaillée dans la région.
Bref tout est tourné vers la préparation de la guerre (la principale utilité de l'argent étant de recrutée de nouvelles unités)
J'ai une idée !
Pour améliorer son armée, rien de mieux que les idées : elles sont 5 par catégorie (feu, commandement, idées nationales, etc.) et fournissent des bonus très puissant. Telle idée réduira de 10% l'usure, telle autre augmentera de 20% la puissance de feu de l'infanterie, et celle-ci abaissera de 25% les coûts d'entretien de vos unités.
Le petit hic est que le système de groupe d'idées amène à des choses assez étrange : ainsi si vous voulez prendre l'idée qui augmente la vitesse de recrutement des brigades, il vous faudra d'abord prendre les idées précédentes qui sont quasiment toutes consacrées à la marine. Un système où on aurait pu prendre les idées dans l'ordre voulu (mais avec un coût plus important pour les plus puissantes) aurait sans doute était meilleur.
Chaque idée coûte des points de recherche. On en gagne automatiquement 10 par mois et certains événements (qui ne sont pas légions) donnent également des bonus. Mais le principal moyen d'acquérir les précieux points de recherche sera... de faire la guerre vu que chaque bataille rapporte des points.
Voici un l'argument principal en faveur de la guerre quasi permanente. Car si vous ne faites pas la guerre, vos ennemis qui la font auront tôt fait d'avoir de grands avantages sur vous.
Avant de finir précisons qu'en l'état actuel la version beta souffre encore de quelques bugs, mais néanmoins depuis la dernière mise à jour le jeu est stable et on peut penser que les bugs restant seront corriger d'ici la sortie. Il faut également préciser qu'à l'heure actuel le jeu n'est qu'en deux langues : anglais et allemand. On verra lors de la sortie si on aura droit à une traduction française ou si la communauté des joueurs devra la faire elle même.
Conclusion
Maintenant que nous en avons fait le tour. Qu'en retenir ?
Le gros regret concernera les batailles navales dont le niveau est à peine supérieur à celles d'Europa Universalis III. Dommage pour un jeu consacré à la guerre et qui fait de la domination naval un objectif.
Le système de groupe d'idée est également critiquable. Pourquoi devoir prendre une idée qui va me donner des diplomates supplémentaires avant de pouvoir prendre celle sur le carré d'infanterie ou la structure divisionnaire ?
Quant à la carte, fallait-il vraiment autant de provinces que pour un jeu sur la seconde guerre mondiale ? on peut en douter.
Néanmoins le jeu malgré ses défauts à le mérite d'être facilement accessible, à petit prix et de requérir beaucoup moins d'heures qu'un de ses concurrents plus ambitieux (et complexes). Son système de combat terrestre est vraiment bien réussit.[b][i]