De 1700 à 1721, la grande guerre du Nord ou seconde guerre du Nord vit l'affrontement de la Suède et d'une coalition réunissant la Russie, le Danemark-Norvège et la Saxe-Pologne (auxquels se joignirent aussi la Prusse et le Hanovre, à partir de 1715).
La Suède fit des prodiges, mais la Russie devint finalement le pouvoir dominant sur la mer Baltique et un participant majeur dans le concert des nations européennes.
Entre 1560 et 1660, la Suède conquit un empire baltique centré sur le golfe de Finlande et comprenant les provinces de Carélie, Ingrie, Estonie, Livonie. Pendant la guerre de Trente Ans, elle conquit des territoires en Allemagne incluant l'ouest de la Poméranie, Wismar, Brême et Verden. Pendant la même période, le sud de la Suède (Scanie) fut repris au Danemark. Cette série de victoires était surtout due à une armée particulièrement bien entraînée qui pouvait maintenir une puissance de feu bien supérieure. En 1617, par le traité de Stolbova, la Russie perdit son accès à la Baltique et des luttes internes l'empêchèrent d'être en position pour le contester. La Suède contrôlait ainsi les débouchés des produits russes et polonais. Mais l'arrivée au pouvoir du tsar Pierre Ier changea la situation, en particulier avec l'alliance susmentionnée.
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L'offensive suédoiseFrédéric IV de Danemark ouvrit les hostilités en envahissant le Schleswig-Holstein, dont le duc était un beau-frère de Charles XII de Suède, et assiègea Toenningen. Patkoul et les siens assiègèrent Riga. Les Russes, eux, se lancèrent contre Narva. Charles XII, dont l'armée comprenait de nombreux officiers français, battit les Danois à Copenhague le 8 août. Il imposa au Danemark la paix de Travendal, restaurant le duc de Holstein-Gottorp. Les Suédois traversèrent la mer Baltique et débarquèrent en Livonie à la mi-octobre. Les Saxons levèrent le siège de Riga. Charles XII entama alors une marche forcée vers Narva. Le 30 novembre 1700 l'armée russe comprenant 23 000 hommes fut écrasée à la bataille de
Narva par 8 000 Suédois.
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Charles XII de SuèdeCharles se lança alors dans une campagne contre la Saxe. Les Saxons se dérobèrent constamment, si bien qu'il pénétra en Pologne, dont le roi, Auguste II, était aussi électeur de Saxe. Charles demanda aux Polonais de détrôner Auguste II. Le 27 mai 1702, les Suédois prirent Varsovie puis se dirigèrent sur Cracovie. Avec 12 000 Suédois, Charles XII et Rhenskiöld battirent 16 000 Saxons et 6 000 Polonais à la bataille de Kliszow, ce qui leur permit de prendre Cracovie le 7 août 1702. Les Russes, pendant ce temps, entamaient une offensive en Livonie et en Ingrie. La forteresse de Nöterborg fut prise à l'automne 1702, puis celle de Nienschantz en mai 1703. Le tsar choisit l'embouchure de la Neva pour construire la forteresse de Pierre-et-Paul qui donna naissance à la ville de Saint-Pétersbourg.
Le 12 juillet 1704, le roi de Suède imposa l'élection de Stanislas Leszczynski comme roi de Pologne. Après le couronnement du nouveau roi, les deux souverains signèrent le traité de Varsovie le 28 novembre 1705, par lequel la Pologne maintenait son intégrité territoriale et quittait le conflit. Charles XII poursuivit son avantage contre la Saxe en août 1706. Le 24 septembre 1706 fut signé le traité d'Altranstädt entre la Suède et la Saxe, par lequel Auguste II abandonnait la couronne polonaise et l'alliance avec le tsar. Charles XII pouvait désormais se lancer contre son principal adversaire, le tsar Pierre le Grand.
Le tournant de la guerrePendant ces années, Pierre avait rebâti une armée basée sur les principes de son adversaire. Le tsar fit évacuer la Pologne afin de protéger les deux routes qui menaient à Moscou, par Novgorod et par Smolensk, bien décidé à pratiquer la politique de la terre brûlée afin d'affamer l'armée suédoise sur son territoire. Charles XII attendit le renfort du général Levenhaupt, mais ce dernier prit du retard, si bien que le roi de Suède se dirigea vers le sud en direction de l'Ukraine afin d'aller chercher le soutien des Cosaques de l'hetman Ivan Mazepa et de prendre la route de Moscou par le sud. Le 9 octobre 1708, l'armée du tsar remporta une victoire à Lesnaya sur le général Levenhaupt, privant ainsi l'armée de Charles XII de tout ravitaillement.
Une fois arrivé en Ukraine, Charles XII, fort du soutien de Mazepa, chercha à obtenir une intervention du sultan ottoman Ahmed III. Il entama le siège de la forteresse de Poltava afin d'emporter la décision de ce dernier. Le 8 juillet 1709, les Russes remportèrent la victoire de
Poltava contre les Suédois, faisant 10 000 prisonniers. Le roi de Suède parvint à s'échapper avec l'hetman et les Cosaques. Il laissa des troupes à l'arrière mais elles capitulèrent le 11 juillet 1709 à Perevolotjana. Charles XII se réfugia à Bender, sur le territoire du sultan.
L'élimination de la puissance suédoiseMême si cette défaite décisive ne mit pas un terme à la guerre, elle décida de son résultat. Le tsar lança l'offensive contre la Livonie, qu'il conquit, et la Pologne, rétablissant Auguste de Saxe sur le trône. Le Danemark rejoignit la Russie et la Saxe et lança l'offensive dans le sud de la Suède, mais fut stoppé par Stenbock. Le 20 novembre 1710, le sultan déclara la guerre à la Russie, poussé par Charles XII et par la France. L'armée russe de Pierre le Grand fut contrainte de se diriger vers le sud. Elle entra en Moldavie, mais fut surprise par une armée composée de Turcs, de Tatares, de Polonais et de Cosaques sur la rive droite du Prout. Le 20 juillet 1711, l'armée russe se rendit sans combattre. Pierre fut contraint de signer le traité du Pruth, par lequel il rendait Azov à l'Empire ottoman et s'engageait à détruite toutes les forteresses du Dniepr et à ne plus intervenir dans les affaires polonaises.
Pierre fit construire une puissante marine dans sa nouvelle ville de Saint-Pétersbourg, qui parvint à remporter une première victoire navale contre la Suède auparavant invincible, dès juillet 1714 à la bataille de Gangut, près de l'actuelle Hanko. Les Russes occupèrent la plus grande partie de la Finlande. Revenu d'exil, Charles gagna la forteresse de Stralsund, mais seulement pour voir entrer en guerre contre lui deux nouvelles nations, la Prusse et le Hanovre, qui avaient déjà occupé respectivement Stettin et Verden.
Les dernières années furent très pénibles pour les population civiles de l'actuelle Finlande, occupée par les armées russes. Cette période (1714-1721) est connue sous le nom de Grande Rage, tant les armées russes se déchaînèrent sur les habitants, brûlant les villes et les villages et contraignant aux travaux forcés des milliers de paysans. Une série d'opérations de débarquement danoises et russes sur le territoire métropolitain de la Suède acheva de sceller sa défaite totale. Stralsund finit par tomber, suivie de Wismar. En 1718, Charles XII lança l'offensive en Norvège, mais il mourut le 30 novembre 1718, lors du siège de Fredrikshald.
Les traités de paixLa Suède obtint une paix séparée avec le Hanovre de Georges Ier en signant le traité de Stockholm en novembre 1719, par lequel elle cédait les duchés de Brême-et-Verden. Par le traité de Stockholm de février 1720, la Suède abandonnait à la Prusse la Poméranie occidentale avec Stettin. La libre circulation sur l'Oder fut accordée. Le 3 juillet 1720 fut signé le traité de Frederiksborg entre la Suède et le Danemark : ce dernier s'emparait de la partie ducale du Schleswig, mais rendait les forteresses de Wismar, Stralsund, Wolgast et l'île de Rügen.
La Suède signa ensuite avec la Russie le Traité de Nystad (1721) par lequel elle renonçait à la Carélie, l'Ingrie, l'Estonie, la Livonie ainsi qu'aux les îles de Dagö et d'Ösel. Ce traité vit la Suède perdre toutes les possessions outre-mer qu'elle avait conquise dans le siècle et demi précédent, la marginalisant définitivement. La Suède n'eut de cesse de tenter de récupérer ces territoires, lors de la Guerre des chapeaux comme lors de la Guerre de Gustave III, sans succès, jusqu'à l'effondrement de 1809 suite à la guerre de Finlande. À l'inverse, la Russie de Pierre le Grand devient la puissance incontournable en Europe de l'Est. Cette montée en puissance de la Russie commença à inquiéter les puissances occidentales, telles la Grande-Bretagne et la France.
Sources Wikipédia bien sur.