Philibert-Jean-Baptiste François Joseph, comte Curial (21 avril 1774 à Saint-Pierre-d'Albigny en Savoie - 30 mai 1829 à Paris) est un général français de l'armée de Napoléon.
Lorsque les Français eurent envahi sa patrie, en 1792, le jeune Curial embrassa la carrière militaire. Il fit ses premières armes dans la légion des Allobroges, avec le grade de capitaine. Il fut envoyé, par la Convention, dans le Midi sous le commandement du général Carteaux, pour poursuivre les insurgés fédéralistes de cette contrée. Il rejoignit ensuite l'armée d'Italie, et de là, il passa en Égypte, assista à presque tous les combats que les armées françaises livrèrent dans cette contrée, et fut promu successivement au grade de chef de bataillon en 1799.
Nommé colonel du 88e régiment d'infanterie le 12 frimaire an XII, il reçut la décoration de la Légion d'honneur le 19 du même mois, celle d'officier le 25 prairial suivant, et combattit avec distinction à Austerlitz. Sa conduite pendant cette grande bataille lui valut la croix de commandant de la Légion d'honneur, qu'il reçut le 4 nivôse an XIII, et le grade de colonel-major du 2e régiment de chasseurs-à-pied de la Garde impériale.
Curial se fit particulièrement remarquer à Eylau, signala de nouveau son courage à Friedland, fut élevé au grade de général de brigade, et obtint le titre de baron de l'Empire en 1808. Ce fut lui qui décida du succès de la bataille d'Essling, en enlevant le village de ce nom qui avait résisté à sept attaques consécutives. Ce fait d'armes lui valut le grade de général de division, que l'Empereur lui conféra le 5 juin 1809.
De retour à Paris, le général Curial épousa la fille du comte Beugnot, conseiller d'État.
Il fit la campagne de Russie (1812) à la tête des Chasseurs de la Garde, et y déploya beaucoup de courage. Après avoir échappé aux désastres de cette expédition, il fut chargé par l'Empereur, en 1813, d'organiser douze nouveaux bataillons de la Jeune Garde, dont le commandement lui fut confié. Il conduisit ces troupes en Saxe (1813), participe, le 16 octobre, à la bataille de Wachau, où il s'empara de la position de Dolitz, culbuta l'ennemi dans la rivière de la Pleiss, et lui enleva un grand nombre de combattants, parmi lesquels se trouvait le général autrichien Merfeldt.
Le 30 du même mois, il contribua puissamment à repousser les efforts des Austro-Bavarois qui voulaient couper la retraite de l'armée française à Hanau. Il obtint, en récompense des éminents services qu'il avait rendus dans cette circonstance, la grand-croix de l'Ordre de la Réunion.
Curial prit part à tous les combats de la campagne de France (1814), et se distingua particulièrement aux batailles de Vauchamps, de Craonne sous l'Empereur, et de Paris sous Mortier.
L'Empereur le créa comte de l'Empire, le 22 mars 1814.
Restauration[modifier]
Le général Curial ayant été un des premiers officiers généraux qui donnèrent leur adhésion aux actes du Sénat conservateur et firent leur soumission à Louis XVIII, le roi le créa chevalier de Saint-Louis (2 juin), Pair de France (4 juin), et grand officier de la Légion d'honneur et commandant de la 19e division militaire (14 juillet), au même moment où son beau-père, le comte Beugnot, était nommé directeur de la police. Devenu Grand-croix du même ordre, le 14 février 1815, il fut créé gentilhomme de la chambre du roi.
À son retour de l'île d'Elbe, Napoléon ne le traita pas avec autant de faveur. Le général Curial perdit le commandement des chasseurs de la garde, qui fut confié au général Morand et reçut l'ordre de se rendre à Lyon, pour y employer dans son grade à l'armée des Alpes sous les ordres du maréchal Suchet. L'Empereur ne l'appela point à la Chambre des pairs qu'il venait de créer.
Néanmoins, au second retour du roi, le comte Curial retrouva toutes ses dignités civiles et militaires. Employé dans l'armée comme inspecteur général d'infanterie, il reprit son siège au Palais du Luxembourg, où il vota pour la déportation dans le procès du maréchal Ney.
Curial commanda, en 1823, la 5e division qui fut employée dans la Catalogne, sous les ordres du maréchal Moncey : il se distingua le 9 juillet à l'attaque de Molins de Rei sous Barcelone, et repoussa plusieurs fois la garnison de cette ville dans les différentes sorties qu'elle fit pendant la campagne.
Sa faveur augmentant de plus en plus, il fut nommé commandeur de Saint-Louis (20 août 1823), premier chambellan et grand maître de la garde-robe du roi. Ce fut en cette qualité qu'il assista, le 29 mai 1825, au sacre de Charles X. Pendant le voyage de Reims, il fit une chute grave. Depuis cette époque sa santé s'altéra chaque jour davantage, et il se vit bientôt forcé par la maladie de renoncer à la vie active pour vivre dans la retraite la plus absolue.
Alors la révolution commençait à se montrer ouvertement : la France s'apprêtait au grand jour à secouer le trône des Bourbons et chaque parti combinait ses moyens d'attaque ou de défense. Dans le camp royaliste, on convint éventuellement de confier au maréchal Marmont le commandement général de la ville de Paris. Ce choix, blâmé par plusieurs hauts personnages, ne trouva pas grâce devant Curial : attaché de cœur à Charles X, le premier chambellan, avant de se retirer de la lutte, se fit transporter chez le roi et lui dit ces dernières paroles :
« Je viens prendre congé du roi et de la vie ; la brièveté des jours qui me restent à vivre me dispense de toute autre pensée que l'attachement personnel et profond que j'ai pour Votre Majesté. Permettez un dernier conseil à mon affection. Une conspiration étendue, active, infatigable, sape votre trône ; si elle éclate et que le gouvernement soit forcé d'employer les armes pour défendre la couronne, n'ayez pas une grande confiance dans Marmont, il a trop à racheter du parti révolutionnaire, et les chefs de faction ont su lui lier les mains1. »
Curial n'eut pas le temps de voir sombrer la monarchie bourbonienne : il mourut à Paris le 29 mai 1829.
Son nom est gravé sur l'arc de triomphe de l'Étoile, côté Est. Il est Pair de France.
Distinctions
Comte de l'Empire
Légion d'honneur
(Grand-croix)
Ordre de la Réunion
(Grand-croix)
Ordre de Saint-Louis(Commandeur)