13 mars 1815: Napoléon déclare « Lyonnais, je vous aime »
Alors qu’il est condamné à l’exil sur l’Ile d’Elbe, Napoléon débarque à Vallauris (Alpes-Maritimes) le 1er mars 1815. Cette « invasion du pays par un seul homme » marque le début de la période dite des Cent-Jours.
En route pour Paris, le « Vol de l’Aigle » l’amène à entrer triomphalement à Lyon le 10 mars, accompagné de 8.000 hommes et 30 canons. Le lendemain, il pousse la provocation jusqu’à passer ses troupes en revue sur la Place Bellecour.
En tant qu’empereur, il avait déjà séjourné dans la ville en 1799, 1800, 1802 et 1805.
Le 12 mars, il déclare: « Il ne doit plus y avoir d’autre autorité que la mienne ; il faut qu’on sache, dès à présent, que c’est à moi seul qu’on doit obéir. » Il publie alors les « Décrets de Lyon » dont voici quelques extraits sans concessions:
La Chambre des Pairs est dissoute.
La noblesse est abolie, et les lois de l’Assemblée constituante seront mises en vigueur.
Les titres féodaux seront supprimés.
Les lois de nos assemblées seront mises en vigueur.
Tous les généraux et officiers de terre et de mer […], qui ont été introduits dans nos armées depuis le 1er avril 1814, cesseront sur-le-champ leurs fonctions.
Tous les changements arbitraires opérés dans nos cours et tribunaux inférieurs sont nuls et non avenus.
En repartant le 13 mars pour Villefranche, il fait publier l’affiche suivante (l’orthographe est d’origine):
« Lyonnais,
Au moment de quitter votre Ville pour me rendre dans ma Capitale, j’éprouve le besoin de vous faire connaître les sentimens que vous m’avez inspirés. Vous avez toujours été au premier rang dans mes affections. Sur le Trône, ou dans l’exil, vous m’avez toujours montré les mêmes sentimens. Ce caractère élevé, qui vous distingue spécialement, vous a mérité toute mon estime. Dans des momens plus tranquilles, je reviendrai pour m’occuper de vos besoins, et de la prospérité de vos Manufactures et de votre Ville.
Lyonnais, je vous aime. »
Cette puissante affection réciproque remonte à quelques années déjà. En 1793, peu après la Révolution, Lyon s’était révoltée contre la Convention nationale qui mettait à mal le commerce de la soie avec les royaumes européens. Les représailles ont été sanglantes et, lors de sa prise de pouvoir, Napoléon a été accueilli en libérateur. D’ailleurs, en 1800, une médaille est frappée pour célébrer « Bonaparte réédificateur de Lyon »