le sujet est intéressant en soi et peut mériter une réponse approfondie;Il ne s'agit que d'un essai incomplet ,mais qui fera l'objet d'un dossier d'ici quelques temps.
sources :la premiére partie est de votre serviteur,
ensuite ce sont des textes en provenance de sites ,(récit de l'assaut et ,ordre de 11h ainsi que la relation de Foy) que j'avais récupéré il y a un certain temps mais dont je n'ai plus le lien.
iconographies wiki et autres liens.
Sur le plan météorologique , les armées impériales ont connu des conditions de combat beaucoup plus difficile, de nombreuses batailles passées le prouvent et cela doit être clairement dit, la prise en compte de la situation terrain est du ressort des officiers supérieurs et de Napoleon, ce sont des vétérans et ils sont aptes à prendre des décisions, ce n'est après tout qu'un paramétré il vaut aussi pour l'adversaire même si celui ci est en défense.
Passons en revue les principaux points critiques
Tout d'abord rappelons le manque de reconnaissance du terrain ,ce qui est inhabituel chez les Français ,soit fait par Napoleon en personne et son staff,soit par les officiers du calibre de Soult , Drouot ,Labedoyére...était ce du à la connaissance supposée du champs de bataille -en effet les armées françaises passaient souvent par cette route et les alentours leurs étaient familiers , excès de confiance sans doute ,fatigue du aux récents combats sans doute aussi,
je dirai plus certainement une certaine suffisance française face à un adversaire sous estimé par l'empereur.Ce manque de reconnaissance aura de lourdes conséquences sur l'appréciation des distances et du plan d'attaque d'ensemble.
Napoleon n'a absolument pas tenu compte des avis de Soult,Reille et de Foy adversaire de Wellington en Espagne et familier des tactiques défensives de ce dernier. il annonce que cette affaire durera ce que dure un petit déjeuner c’est tout dire de l’état d’esprit du commandant en chef ….
Est ce qu'il y eu une erreur de casting ?de management? de coaching ?
Dans l’armée du Nord vraisemblablement une des meilleures que Napoleon eut sous ses ordres , quelques officiers n'étaient pas à leur place ; Soult meilleur à l’exécution qu'à celui de chef d'état major (labedoyére aurait un bien meilleur chef d’état major par exemple), Ney excellent divisionnaire mais fragilisé psychologiquement par Napoleon est animé de sentiments contradictoires,il va servir à tout sur ce champs de bataille , ce type d’attaque c’est son truc ,il ne sera pourtant que le chef nominal de d'Erlon …),Grouchy excellent chef de cavalerie mais chef de corps sans envergure(Soult l’aurait avantageusement remplacé par exemple).... Napoleon a pris ses décisions en toute connaissance de cause et il savait qu’il ne devait perdre aucune bataille et surtout pas celle ci .Oui ,manifestement il a manqué de discernement et son "coaching"de l'ensemble des officiers supérieurs n'a pas été à la hauteur ,cela s'est ressenti dans la conduite des combats.
L'artillerie pièce maîtresse des tactiques de Napoleon , peu efficace globalement dans la bataille , beaucoup de bruits pour rien ,...
La cavalerie , spectaculaire ,magnifique ,mais inutile et non décisive...
Sur le plan stratégique, une mauvaise compréhension, des buts de l'empereur par les officiers , ce qui a permis une collection d'erreurs sur le plan tactique,d'un manque de coordination incroyable à ce niveau ...
Sur le plan tactique , une somme de bavures,de mauvaises exécutions de mouvements ... de ce qu'il ne faut pas faire et qui pourtant a été fait par des officiers hors pairs sensés faire la même bataille ...
la situation génerale pour resituer l'assaut du 1er corps
La lecture de cette carte montre que :
Wellington anticipe une défaite possible, ce qui est sage de sa part , il renforce sa droite(+ ou -15000 h) pour se couvrir et préparer une éventuelle retraite , il doute encore de l'arrivée à temps des Prussiens sur sa gauche , donc il articule son dispositif principal sur la route de Bruxelles -pour faciliter sa retraite ,et surtout sauver son corps expéditionnaire Britannique-,pour ce faire en cas de soucis , il fera monter sa réserve placée à sa droite pour gagner du temps .pour se prémunir des canons Français il se met en contre pente .Sa gauche est faible, il y place quand même prés de 7 à 8 000 hommes d’élites les Highlanders de Picton et sa meilleure cavalerie les Scots Greys,l’union cavalerie,au pire il se repliera et son pivot sera son centre ou est placé son corps de bataille en contre pente .Il compte aussi sur le fait que Napoléon voudra percer au centre pour accrocher le gros de ses forces,l’empêcher de se replier sur Bruxelles et l’écraser. Il place des obstacles en occupant différents points fortifiés pour retarder l’assaut principal.
Napoleon veut une bataille rapide, il juge quantité négligeable les forces sur sa droite , la ferme d’hougoumont ,mal reconnue , fait l’objet d’un mauvais choix tactique qui sera crucial dans la bataille ,prés de 10 000 h seront bloqués .
Le plan de Napoleon est simple et brutal, c’est son habitude depuis 18o9 , il finasse moins….,une attaque de diversion sur hougoumont ,puis attaquer avec le 1er corps (plus de 16 000h) la gauche de Wellington ,il appuiera son attaque avec sa grande batterie et les cuirassiers de Walthier,Travers et Dubois derriére les cuirassiers de Farine et les Lanciers rouges de Jacquinot en couverture .
Toutefois, il pense que l’infanterie va tout emporter,il n’imagine pas que l’aile gauche alliés va résister, il n’y a pas de plan de regroupement si l’attaque échoue.
Pour cette attaque,le chef nominal est le maréchal Ney, d’Erlon est un divisionnaire expérimenté, Ney lui confie l’éxécution, ont-ils discuté, certainement,les ordres étaient ils clairs, surement, l’option retenue par d’Erlon est de disposer de la puissance de feu maximale,de concentrer son attaque pour faire masse ,l’effet psychologique sur l’adversaire est prévisible ,s’il obtient la rupture ses 16000 h vont passer la crête et faire face par un mouvement vers le centre au corps de bataille de Wellington. Ce dispositif présente un risque,il est vulnérable face à la cavalerie. L’accompagnement du corps par la cavalerie s’avérera efficace au cours de l’engagement toutefois celle-ci va se montrer défaillante au moment clé.
Mettre la pression, toujours la crainte de Napoleon de voir son adversaire se dérober. D’Erlon aurait pu étendre son dispositif en un vrai ordre mixte pour avoir plus de flexibilité et se prémunir contre une contre attaque de cavalerie- se mettre en carré-,.de plus il aurait fait une menace de débordement plus large , les reconnaissances prussiennes auraient été gênées et vraisemblablement auraient informées Blucher de la mauvaise tournure des événements,la conséquence principale aurait été de retarder l’arrivée des prussiens .pourquoi ?Tout simplement parce qu’ils en auraient déduit que l’armée de Wellington était tournée, que la jonction n’était plus possible et que les Anglais commenceraient à glisser vers Bruxelles pour se dérober.’
A ce point de l’analyse, il est certain que terrain boueux ou pas, c’est un assaut classique d’infanterie, réalisé plus tôt il avait une chances de succès supérieur,, en cas d’échec, le corps d’Erlon aurait pu se reconstituer, la cavalerie anglaise aurait été terriblement gênée par la boue,la cavalerie française aurait eu le même handicap,l’artillerie n’ayant pas pu être décisive ,on en revient au combat d’infanterie ou les français aurait eu l’avantage tôt ou tard,mais suffisamment tôt pour assurer la victoire.
l'ordre de onze heure
« Une fois que toute l’armée sera rangée en bataille, à peu près à une heure après-midi, au moment où l’empereur en donnera l’ordre au maréchal Ney, l’attaque commencera par s’emparer du village du Mont-Saint-Jean, où est l’intersection des routes. A cet effet, les batteries de 12 du 2e corps et celles du 6e. se réuniront à celles du Ier. corps. Ces 24 bouches à feu tireront sur les troupes du Mont-St.-Jean, et le comte d’Erlon commencera l’attaque, en portant en avant sa division de gauche, et la soutenant, selon les circonstances, par les divisions du 1er. corps.
Le 2e. corps s’avancera à mesure pour garder la hauteur du comte d’Erlon. Les compagnies de sapeurs du Ier. corps seront prêtes pour se barricader sur le champ à Mont-Saint-Jean. »
Derrière, est écrit : ordres dictés par l’empereur sur le champ de bataille du Mon-St.-Jean le 18, vers 11 heures du matin, et écrites par le maréchal duc de Dalmatie, major-général.
Paris, le 21 juin 1815.
Signé, le maréchal Ney.
Mont St. Jean, le 18 juin, vers 11 hs.
Ordres dictés par l'Empereur.
Une fois que l’armée sera rangée en bataille, à peu près à 1 h. après-midi, au moment où l’Empereur en donnera l’ordre au Maréchal Ney, l’attaque commencera pour s’emparer du village du Mont-Saint-Jean, où est l’intersection des routes. A cet effet, les batteries de 12 du 2e corps, et celle du 6e se réuniront à celle du 1er corps. Ces 24 bouches à feu tireront sur les troupes du Mont-St.-Jean, et le comte d’Erlon commencera l’attaque, en portant en avant sa division de gauche et la soutenant, suivant les circonstances, par les divisions du 1er. corps.
Le 2e corps s’avancera à mesure pour garder la hauteur du comte d’Erlon. Les compagnies de sapeurs du Premier corps seront prêtes pour se barricader sur le champ à Mont-Saint-Jean.
(au crayon et de l'écriture du Mal Ney)
Ajouté par Monsr. le Maréchal Ney
Le Comte d'Erlon comprendra que c'est par la gauche que l'attaque commencera, au lieu de la droite.
Communiquer cette nouvelle disposition au général en chef Reille.
(au dos) Ordres dictés par l’Empereur sur le champ de bataille du Mont-St.-Jean le 18, vers 11 heures du matin, et écrit par le Maréchal Duc de Dalmatie, Major Général.
Paris, le 21 juin 1815.
Le maréchal Prince de la Moskowa, Pair de France
Signé : Ney.
Qui a ordonné la formation des colonnes du 1er corps ?
Plusieurs historiens ont vu dans la disposition des colonnes de d'Erlon une des causes déterminantes du désastre de Waterloo.
Il faut remarquer que cette critique des dispositions n'apparaît pas dès le début de l'histoire de la bataille. Les témoins de l'événement ne semblent pas avoir estimé que là se trouvait l'origine de la défaite.
Il n'est aucunement question de disposition vicieuse, inhabituelle ou maladroite des colonnes dans les premiers récits, que ce soit dans le bulletin dicté par Napoléon, ou dans les récits faits par Ney, Drouot, Jérôme, ou d'autres participants dans les jours qui ont suivi la bataille.
Le général Berthezène, qui appartenait au corps de Grouchy, mais qui a écrit sur la bataille en 1816, après une enquête qui le mena sur le terrain en compagnie du général Lamarque, n'évoque pas la formation des colonnes de d'Erlon.
Napoléon qui, dans ses récits de Sainte-Hélène, a rejeté la faute de la défaite sur ses lieutenants, Ney, Grouchy, d'Erlon, n'a pas même évoqué la façon dont les colonnes du ler corps étaient disposées.
Les auteurs qui ont écrit en réponse aux récits de Napoléon n'en font pas davantage mention.
L'inconcevable formation...
En 1839, dans son "Précis politique et militaire de la campagne de 1815", le général Jomini évoque la disposition des colonnes de 1er corps :
"Il paraît que chaque division formait une seule masse de huit à dix bataillons, marchant l'un derrière l'autre. On ignore si tous ces bataillons étaient formés en colonnes d'attaque ou déployés sur 8 à 10 lignes, mais ils formaient une masse très profonde. ( ... ) Bien que la formation en colonnes eût laissé entre les divisions des intervalles assez considérables, ils n'étaient pas suffisants toutefois pour les déployer. Les relations publiées jusqu'à ce jour diffèrent d'ailleurs beaucoup entre elles sur la manière dont cette première attaque s'exécuta. "
Tous les récits sont tellement contradictoires, qu'il finit par déclarer :
"Il est impossible de se reconnaître dans un pareil chaos."
Mais deux ans plus tard, dans une "Lettre au duc d'Elchingen", publiée dans le Spectateur militaire, (1841, p 243.) Jomini voit dans "l'inconcevable formation du premier corps en masses beaucoup trop profondes" une des causes principales qui amenèrent le désastre.
"A mon avis, poursuit-il, quatre causes principales amenèrent ce désastre:
( ... ) La formation de masses aussi lourdes et aussi exposées aux ravages du feu fut une erreur incontestable... A qui doit-on l'imputer ? C'est ce qui demeurera encore longtemps en problème.
Y eut-il méprise causée par la double signification du terme de colonne par divisions, qui s'applique indifféremment à des divisions de quatre régiments ou à des divisions de deux pelotons ? Fatale confusion de mots dont personne n'a encore songé à purger la technologie militaire.
Fut-ce bien, au contraire, l'intention des chefs de l'armée française de former ainsi les troupes de manière à ce que les divisions de quatre régiments ne formassent qu'une seule colonne ? Voilà ce qu'il serait intéressant de savoir, et qu'on ne saura sans doute jamais."
Le thème était lancé, et désormais, plus aucun historien, surtout s'il était apologiste de Napoléon, n'allait raconter la bataille sans voir dans la formation des divisions de d'Erlon la cause de l'échec de l'attaque, et sans faire porter à Ney et à d'Erlon la responsabilité de cette disposition malheureuse. Il semble qu'aucun de ces écrivains n'ait songé un instant que si Napoléon n'avait pas lui-même critiqué la massive ordonnance du 1er corps, ce ne pouvait être que parce qu'elle n'avait pas eu à ses yeux une importance déterminante dans le résultat, ou parce qu'il l'avait ordonnée lui-même !
L'avis de Bugeaud
Si Jomini semble avoir été le premier à désigner, dans un livre, la formation des colonnes de d'Erlon comme une des causes de la défaite, d'autres militaires avaient déjà critiqué cette disposition, comme on en trouve témoignage dans le passage suivant d'une lettre du colonel Bugeaud au lieutenant-colonel d'Esclaibes, le 11 décembre 1824 :
"Qui pourrait ne pas déplorer l'indifférence sur les détails d'exécution, quand on pense qu'à Waterloo, après trente ans de guerre, la division Marcognet s'est portée sur l'ennemi, en une colonne (à distance entière), dont la fraction était un bataillon déployé ? Que faire d'une pareille colonne ? Rien. La fraction en est trop étendue pour qu'on puisse la manoeuvrer dans aucun sens, et il est impossible d'en tirer sans de longs tâtonnements, une bonne disposition contre la cavalerie. L'événement le prouva bien. Une brigade de cavalerie anglaise, qui était masquée, chargea brusquement cette malheureuse division, qui ne put lui faire aucun feu. Dans l'impossibilité de tirer et d'agir les soldats mirent leurs fusils sur la tête pour parer les coups de sabre. La division fut défaite et perdit son canon. La même manoeuvre fut ordonnée à la division Lamarque pendant la bataille de Wagram, et si elle n'eut pas des résultats aussi déplorables, c'est qu'elle ne fut pas chargée. Je ne puis m'empêcher de remarquer, à l'appui de mes raisonnements de l'autre jour, qu'il eût été bien heureux pour la division Marcognet qu'elle eût été par pelotons et qu'elle eût commencé un en-avant en bataille au moment où elle fut chargée par la cavalerie. Les hommes accoutumés à ne voir que le grand de la guerre ont cherché les causes de la perte de la bataille uniquement dans les grandes dispositions. En y regardant de près, on les trouverait peut-être dans les détails d'exécution."
Notons que Bugeaud est un militaire compétent. Considéré comme le meilleur colonel de l'armée, il commandait en 1814 et en 1815 le 14e de ligne, et s'il n'était pas présent à la bataille de Waterloo, la suite de sa carrière (il est devenu maréchal de France) montre qu'il savait de quoi il parlait, et que son avis est à prendre en considération, surtout quand, comme c'est le cas dans la lettre suivante (du 12 octobre 1833), il écrit au maréchal Soult qui était, lui, présent à Waterloo :
"Tous les épisodes de la bataille de Waterloo que j'ai pu recueillir m'ont convaincu que cette journée eût été terminée à notre avantage à 2 heures après-midi s'il y avait eu à la tête des corps d'armée, des divisions, des brigades, des hommes plus capables, en général, et surtout plus dévoués. Presque partout les attaques furent maladroitement et timidement engagées, sans cet ensemble, cette unité d'efforts, cette harmonie qui commandent la victoire. Quoi de plus pitoyable que les efforts partiels qui eurent lieu autour de la ferme de la Belle-Alliance ? ( ... ) Et ces trois divisions dE... [sic] qui se laissent bouleverser par une brigade de cavalerie anglaise, parce qu'elles sont formées en 3 colonnes serrées dont le bataillon déployé est la fraction. Elles formaient cette figure. (...)
Ces trois divisions étaient dans un état complet de paralysie il n'y a rien à faire avec une pareille disposition et le statu quo est un état de grande faiblesse contre la cavalerie. Il est bien surprenant que Napoléon ait plusieurs fois commandé lui-même cette ordonnance de combat, qui ne vaut même rien comme manoeuvre préparatoire, car on ne peut qu'avec de grandes difficultés se former sur l'un des côtés du carré."
On notera que Bugeaud écrit au maréchal Soult (major général à Waterloo) que c'est Napoléon lui-même qui a ordonné cette formation. Si l'on se souvient que Napoléon ne l'a pas critiquée dans ses écrits, il y a tout lieu de croire que c'est Napoléon en personne qui l'a ordonnée, quoiqu'en aient dit tous les historiens napoléonistes.
Récit de l’assaut
… L'attaque du 1er Corps est précédée d'un bombardement de 80 pièces, provenant de l'artillerie des 1er, 2e et 6e corps, groupées en une seule "Grande Batterie" sur le plateau de Belle-Alliance. Cette canonnade, commencée tardivement à 11h30 à cause du terrain détrempé, n'a pratiquement pas d'effet étant donné que Wellington a placé ses troupes couchées derrière la crête de Mont-saint-Jean.
Vers 13h00, les 16 885 hommes des quatres divisions de Drouet D'Erlon s'élancent vers les lignes britanniques. Cette nombreuse infanterie, placée en colonne de divisions par bataillon, est sous le commandement du Maréchal Ney en personne. Cette masse de 25 bataillons est flanquée par la 13e division de cavalerie lourde de Wathier (IVe corps de cavalerie de Milhaud). Les 7e et 12e Cuirassiers, ceux du général Travers, réunissant à eux seuls 450 sabres, devaient protéger la droite du Ier Corps tandis que la brigade Dubois (1er et 4e Cuirassiers) se chargeait de la gauche.
La 1ère division d'infanterie, aux ordres du général Quiot, tente de créer une ouverture dans le centre ennemi en prenant la Haie Sainte ainsi que la sablonnière.
Pendant ce temps, la 2ème division du général Donzelot et la 3ème division du général Marcognet, attaquent l'aile gauche anglaise c'est à dire, respectivement, la division hollando-belge de Perponcher et la division anglo-hanovrienne du général Picton. A l'est, la 4ème division du général Durutte se charge à la fois d'anéantir la brigade nassauvienne du prince de saxe-Weirmar, chargée de défendre les fermes de Papelotte et de La Haye et d'appuyer l'attaque principale avec sa 2e brigade (général Brue).
Drouet D'Erlon et ses généraux, qui ont le soucis de répondre aux redoutables feux de files anglais, ont préféré ranger leurs divisions en colonne par bataillon.
En d'autres termes, une division présente le front d'un bataillon - soit cinq compagnies en ligne (moins les compagnies légères déployées en tirailleurs) - les autres bataillons étant serrés les uns derrière les autres.
Ce type de formation en colonne permet d'opposer un front plus large de fusils.
Pour autant, les tirs de l'artillerie adverse seront plus meurtriers car les bataillons placés ainsi, les uns derrière les autres, présentent une profondeur importante.
Précédée de nombreux tirailleurs, l'infanterie du Ier corps marchent ainsi, sur 1 500 mètres, au rythme des tambours et des trompettes, les drapeaux bleu blanc rouge des régiments déployés au vent.
Les boulets ennemis hachent beaucoup de monde ; des files d'hommes s'écroulent aussitôt colmatées par les camarades indemnes. Malgré le feu des canons, les Français atteignent la haie qui serpente le chemin creux d'Ohain, aux cris de "Vive l'Empereur !".
Delà ils tombent sur la brigade Bijlandt, déjà copieusement malmenée par la Grande Batterie, qu'ils chassent d'emblée. La division Donzelot rencontre ensuite les écossais de Picton, jusqu'alors tapis dans les blés.
Les Highlanders qui ont prouvé leur bravoure lors de la bataille des Quatre Bras, ne se laissent pas intimider. Ils créent la surprise lorsqu'ils se relèvent des seigles où ils se trouvaient cachés. Profitant de la consternation qu'ils suscitent chez leurs assaillants, ils leurs infligent des feux de file meurtriers à bout portant.
Du côté de la Haie Sainte, les colonnes régimentaires des 28e et 105e de ligne de Bourgeois poussent les riflemen du 95th à se replier de la sablonnière tandis que la 1ère brigade de Quiot attaque les bâtiments de la ferme prenant d'emblée son verger et son jardin
De l'autre côté de la chaussée, les cuirassiers de Dubois soutiennent l'attaque et ils sabrent le bataillon hanovrien de Lunebourg venus en renfort. Puis ils remontent la colline vers le centre de la ligne alliée.
Donzelot voient, quant à lui, ses troupes empêtrées dans la haie et fixés par les tirs adverses. Il galvanise l'ardeur de ses hommes pour qu'ils se déploient hâtivement. Le 17ème de ligne, qui se trouve en avant, tente de s'aligner dans la plaine mais il est gênés par les tirs concentriques des défenseurs.
Pour dégager sa position défensive, Picton avance la brigade Kempt devant la haie. Les 28th, 79th et 32nd regiments, accompagnés du 7e de ligne hollandais, se positionnent face aux deux colonnes de Bourgeois et ils leur infligent une salve meurtrière. Submergés, les bataillons des 28e et 105e de ligne quittent les abords du chemin creux d'Ohain qu'ils avaient chèrement conquis.
La division Marcognet arrive finalement et elle prend la tête de l'avance française. Elle tombe sur les régiments écossais qu'elle fusille aussitôt
Du côté de la Haie Sainte, les colonnes régimentaires des 28e et 105e de ligne de Bourgeois poussent les riflemen du 95th à se replier de la sablonnière tandis que la 1ère brigade de Quiot attaque les bâtiments de la ferme prenant d'emblée son verger et son jardin). De l'autre côté de la chaussée, les cuirassiers de Dubois soutiennent l'attaque et ils sabrent le bataillon hanovrien de Lunebourg venus en renfort. Puis ils remontent la colline vers le centre de la ligne alliée.
Donzelot voient, quant à lui, ses troupes empêtrées dans la haie et fixés par les
tirs adverses. Il galvanise l'ardeur de ses hommes pour qu'ils se déploient hâtivement. Le 17ème de ligne, qui se trouve en avant, tente de s'aligner dans la plaine mais il est gênés par les tirs concentriques des défenseurs
Pour dégager sa position défensive, Picton avance la brigade Kempt devant la haie. Les 28th, 79th et 32nd regiments, accompagnés du 7e de ligne hollandais, se positionnent face aux deux colonnes de Bourgeois et ils leur infligent une salve meurtrière. Submergés, les bataillons des 28e et 105e de ligne quittent les abords du chemin creux d'Ohain qu'ils avaient chèrement conquis.
La division Marcognet arrive finalement et elle prend la tête de l'avance française. Elle tombe sur les régiments écossais qu'elle fusille
Denis Pack ordonne à sa brigade de faire face. Les Highlanders se dirigent en colonne vers cette nouvelle division française. 92nd en tête, les Highlander se précipitent sur eux énivrés par la douce musique de leurs cornemuses. Le 42nd est à gauche supportés par le 1st Royal Scots sur ses arrières, tandis que le 44th Foot suit le 92nd. Les régiments de Pack formés pour la circonstance en colonne, baïonnette au canon, attaque de flanc les colonnes françaises. Les hollando-belges de Bijlandt, ralliés par le lieutenant-général de Perponcher, soutiennent la contre-attaque. Le général Picton qui avance l'épée à la main, à la tête de ses écossais, reçoit une balle mortelle à la tempe mais ses hommes continuent leur progression.
Le 45e de ligne, fer de lance de la division Marcognet, résiste à cette contre-attaque et il met en désordre le fameux 92nd des "Gordon Highlanders". Dans la panique, un artilleur anglais de la batterie Rogers, encloue son canon avant de se réfugier en seconde ligne.
Voilà ce qu'en dit le capitaine Duthilt, du 45e de ligne : "Soudain, notre chemin fut bloqué ; des bataillons anglais cachés dans un chemin creux, se levèrent et tirèrent sur nous à courte distance, nous les repoussâmes à la pointe de notre baïonnette et montâmes plus haut la pente et au travers des haies qui protégeaient leurs canons. Puis nous atteignîmes le plateau et lançâmes le cri de victoire...".
Les combattants des deux camps s'entremêlent dans un corps à corps sanglant et confus au niveau des haies bordant le chemin creux d'Ohain. A cet instant, les 4 000 hommes de Marcognet ont percé la ligne anglaise qui commence à céder
Du haut de "Copenhagen", sa monture, Wellington examine les colonnes d'attaque de d'Erlon. La mêlée demeure indécise mais les Français sont sérieusement désorganisés. Lord Uxbridge lui suggère de saisir l'occasion. Il prend la décision décisive d'engager sa cavalerie d'élite, en d'autres termes, la Houseold Brigade ainsi que l'Union Brigade, composée d'Anglais, d'Irlandais et d'Ecossais (d'où son nom).
Sir Somerset, qui commande la Houseold Brigade, doit s'opposer aux cuirassiers de Dubois à l'ouest de la Haie Sainte tandis que le général Ponsonby, à la tête de l'Union Brigade, se charge de repousser le 1er Corps français.
La charge de la cavalerie anglaise est fulgurante et dévastatrice. Les dragons de Lord Ponsonby, Scots Greys et Inniskillings, sabrent les colonnes d'assaut de d'Erlon, surprises et incapables de se former au carré. Les Highlanders qui se retrouvent dans la course des cavaliers sont emportés avec eux, accrochés aux étriers ou à la crinières des chevaux. Ils participent bon gré, mal gré au carnage.
Conjointement, les Life Guards et les Royal Dragoons de Somerset bousculent les cuirassiers de Dubois.
Après avoir tailler en pièces le 1er Corps français, les Scots Greys ou "Ecossais Gris" (référence à la couleur de la robe de leurs chevaux), poursuivent leur charge dans le vallon et s'abattent sur la Grande Batterie qu'ils croient pouvoir enlever en toute impunité.
Les escadrons de l'Union Brigade, emportés par leur élan et ignorant les appels au ralliement, poursuivent leur course aux cris de "tous à Paris !" et submergent une batterie divisionnaire française. La brigade de la Garde de lord Somerset, plus disciplinée, retraita quant à elle sous la couverture de la 4ème brigade du général Vandeleur et les dragons belges et hollandais de Ghigny.
La réaction de l'Empereur est alors immédiate.
Il envoie contre eux, Jacquinot et ses lanciers, ainsi que la brigade de cuirassiers de Farine. Ceux-ci prennent les Scots Greys en écharpe sans leur laisser le temps de riposter. Les escadrons de Jacquinot (4ème Lanciers) et les cuirassiers de Farine, ayant des montures plus fraîches, parviennent à endiguer la folle cavalcade des écossais et leur infligent de lourdes pertes. La cavalerie française ramènent le restant des anglais sur la crête du Mont-Saint-Jean.
Le colonel Hamilton, commandant le régiment des Scots Greys, est ainsi retrouvé mort sur le champ de bataille avec les deux bras coupés.
Lord Ponsonby, dans sa fuite, est embroché à mort par un dénommé Orban, maréchal des logis au 4e Lanciers.
Récit du général BRO, décrivant la mêlée :
"La division Marcognet se précipite, mais ne peut sauver une batterie enlevée par la troupe de Ponsonby qui charge à la tête des dragons gris d'Ecosse. Notre infanterie coupée en tronçons, se débande. Drouet d'Erlon fait ordonner à la cavalerie de charger. Un terrain détrempé ne nous permet pas de manoeuvrer à l'aise. J'enlève mon 4e lanciers. A droite d'un petit bois, nous apercevons la cavalerie anglaise qui, promptement reformée, menace de tourner le 3e chasseurs. Je prends la tête des escadrons en criant : "Allons, mes enfants, il faut renverser cette canaille !" Les soldats me répondent : "En avant, Vive l'Empereur !" Deux minutes plus tard, le choc a lieu. Trois rangs ennemis sont renversés. Nous frappons terriblement dans les autres ! La mêlée devient affreuse. Nos chevaux écrasent des cadavres et les cris des blessés s'élèvent de toutes parts. Je me trouve un moment comme perdu dans les fumées de la poudre. L'éclaircie venue, j'aperçois des officiers anglais qui entourent le sous-lieutenant Verrand, porte-aigle. Ralliant quelques cavaliers, je me porte à son secours. Le maréchal des logis Orban tue d'un coup de lance le général Ponsonby. Mon sabre fauche trois de ses capitaines. Deux autres peuvent fuir..."
L'armée de Wellington a bien résisté à l'attaque du 1er Corps français.
Ses cavaliers lourds ont contre-attaqué avec courage et leur action a été dévastatrice : ils ont capturé 2000 fantassins de Drouet d'Erlon, et ont pris au passage les aigles des 45e et 105e régiments de ligne, à cela, il faut ajouter 2000 tués et blessés français laissés sur le plateau.
Néanmoins au prix fort, puisque la brigade Ponsonby perd un millier de cavaliers sur les 2600 engagés ainsi que des officiers de valeur. Cette brigade ne jouera d'ailleurs plus aucun rôle pendant la bataille à la suite de cette action.
Relation du géneral Foy,
Ham, le 23 juin .
(...) En campagne, il est facile de manoeuvrer les Anglais, de tourner autour d'eux, de les arrêter, de les molester. En bataille, rendus sur le terrain et alignés, il n'y a pas d'ennemis plus redoutables. Leur infanterie est solide au feu, exercée au métier, et tire parfaitement ; leurs officiers sont les plus braves et les plus patriotes de l'Europe. Lord Wellington n'est pas un génie remarquable, c'est même, comme esprit, un homme médiocre; il est général, il sait son métier parfaitement ; il est aimé et estimé de ses troupes ; il ne leur fait pas courir des dangers inutiles, mais il ne les épargne pas dans les moments difficiles. Depuis la journée du 18 juin, sa tête doit se perdre dans les nues. Sommes-nous assez humiliés devant les fiers Anglais? Rule Britannia !
On accable l'Empereur de reproches ; c'est bien naturel, car il est malheureux. Je ne crois pas qu'il les mérite ; il a joué son va-tout, mais il l'a joué contre un tout. L'action du 16 lui avait coûté beaucoup de monde ; quatre ou cinq actions comme celle-là suffisaient pour détruire son armée ; il fallait frapper un grand coup. L'occasion de se battre avec les Anglais corps à corps s'est présentée ; s'il parvenait à détruire leur armée, ou même à avoir sur eux un grand avantage, il pouvait raisonnablement espérer dissoudre la redoutable coalition. Chance semblable ne devait se retrouver nulle part ailleurs.
Dans la nuit du 17 au 18, nous mangions, avec le prince Jérôme, à l'auberge du Roi d'Espagne. Un kellner, très entendu, qui servait à table, dit que lord Wellington avait mangé la veille dans l'auberge, et qu'un de ses aides de camp avait annoncé à table que l'armée anglaise attendrait les Français à l'entrée de la forêt de Soignes et qu'elle y serait jointe par l'armée prussienne, qui s'était dirigée sur Wavre. Ce rapport fut un trait de lumière pour Guilleminot et pour moi. Le 18, au matin, Jérôme étant avec son frère à la ferme du Caillou sur la grande route, lui dit le mot du sommelier de Genappe. L'Empereur répondit : La jonction des Prussiens avec les Anglais est impossible avant deux jours, après une bataille comme celle de Fleurus, et étant suivis, comme ils le sont, par un corps de troupes considérable. S.M. a ajouté : Nous serons trop heureux que les Anglais veuillent tenir. La bataille qui va se donner sauvera la France et sera célèbre dans les annales du monde. Je ferai jouer ma nombreuse artillerie, je ferai charger ma cavalerie pour forcer les ennemis à se montrer et, quand je serai bien sûr du point occupé par les nationaux anglais, je marcherai droit à eux avec ma vieille Garde.
Entre onze heures et midi, l’armée s’est formée avec calme et dans l’ordre indiqué par le Moniteur ; les divisions d’infanterie se rangeaient en bataille sur deux lignes ; l’artillerie prenait position en avant de l’infanterie. Nous avons présenté à l’ennemi plus de deux cents bouches à feu ; il n’en avait pas tant. Son canon était en position avant le nôtre ; on ne voyait à côté que quelques tirailleurs. Suivant l’excellente coutume des Anglais, leurs masses d’infanterie et de cavalerie étaient masquées par le mouvement du terrain ; ils ne les montrent que quand ils veulent les employer. La droite de l'ennemi était au ruisseau, en deçà de Braine-l'Alleud, son centre traversait la grande route vers Mont-Saint-Jean ; je n'ai pas aperçu sa gauche. En voyant une ligne si étendue, j'ai supposé qu'il y avait sur le terrain plus que l'armée de Wellington. Dans le lointain, on apercevait la forêt de Soignes ; il est probable que les Anglais avaient reconnu d'avance une position à la lisière des bois, pour l'occuper dans le cas où il aurait fallu quitter la position principale.
L'Empereur s'est placé d'abord sur un pic peu élevé derrière la Belle-Alliance ; je l'ai vu, avec ma lunette, se promener de long en large, revêtu de sa redingote grise, et s'accouder souvent sur la petite table qui porte sa carte. Après la charge de la cavalerie française, il s'est porté à la Haye-Sainte ; à la fin du jour, il a chargé avec sa Garde. Je m'attendais qu'il parcourrait les lignes pour enflammer les soldats. Le soir, quand j'ai vu la vieille Garde charger sur la grande route, et qu'on m'a dit que l'Empereur était à la tête, j'ai cru qu'il voulait mourir. Le sort l'a épargné. Affreuse destinée de celui qui était naguères le maître du monde !
La bataille a commencé par l'attaque du bois de Hougoumont. La division Jérôme l'a emporté d'emblée, mais elle n'a pu avoir les maisons qui sont au delà. Pendant toute la journée, on n'a pas cessé de les attaquer ; l'ennemi s'y est maintenu et nous a fait éprouver des pertes considérables, à Jérôme et à moi qui le soutenais. Ma division a opéré à la lisière Est des haies d'Hougoumont ; elle a eu de l'avant et de l'arrière, et n'a quitté le champ de bataille qu'après que le centre a été enfoncé. Je fournissais de temps à autre des bataillons dans le bois, pour appuyer ou remplacer ceux de Jérôme. Bachelu était à ma droite et un peu en avant de moi. La garde impériale à pied et à cheval était formée sur la grande route. Nous avions derrière nous le corps de cavalerie de Kellermann et, à notre gauche extrême, la division de cavalerie légère de Piré, qui tiraillait sur la route de Bruxelles à Namur. La forme du terrain me masquait le dispositif de la droite.
L'affaire du bois de Hougoumont a attiré sur notre gauche l'attention et le feu de l'ennemi. C'était évidemment l'attaque secondaire ; elle a duré seule, sans se ralentir, près de deux heures. Ensuite, la droite a attaqué le hameau de Mont-Saint-Jean. Je n'ai pas vu son mouvement en avant, ni l'échec qu'elle a éprouvé. Sur notre ligne, l'artillerie n'a pas cessé de faire un feu très vif. Les canonniers de la Garde impériale sont les plus braves soldats de l'armée. La grande consommation de munitions, faite au commencement de l'action, a été cause qu'on en a manqué à la fin.
A trois heures après-midi, la cavalerie placée au centre a marché à l'ennemi. Nos corps de cavalerie de droite et de gauche ont couru pour rejoindre et secourir leurs camarades. En peu de minutes, les plateaux entre Hougoumont et les routes de Charleroi et de Nivelle ont été couverts, inondés par la procella equestris. Il y avait là la cavalerie de la Garde impériale, les carabiniers, les cuirassiers, tout ce que la France possède de meilleur. Notre cavalerie a joint la cavalerie anglaise et l'a enfoncée. Trente à quarante pièces de canon ont été momentanément en notre pouvoir. Alors, pour la première fois, j'ai aperçu les carrés anglais gravissant les revers des plateaux. J'ignore si notre cavalerie en a sabré quelques-uns ; elle est revenue à la charge, à plusieurs reprises ; il y a eu des mêlées d'une heure. Je n'ai rien vu de semblable dans ma vie. Des escadrons ont percé l'armée anglaise par son centre et sont venus se reformer derrière ma division, après avoir fait le tour du bois de Hougoumont.
Alors que la cavalerie française faisait cette longue et terrible charge, le feu de notre artillerie était déjà moins nourri et notre infanterie ne fit aucun mouvement. Quand la cavalerie fut rentrée et que l'artillerie anglaise, qui avait cessé de tirer pendant une demi-heure, eut recommencé son feu, on donna ordre aux divisions Bachelu et Foy de gravir le plateau, droit aux carrés qui s'y étaient avancés pendant la charge de cavalerie et qui ne s'étaient pas repliés. L'attaque fut formée en colonne par échelons de régiment, Bachelu formant les échelons les plus avancés. Je tenais par ma gauche à la haie ; j'avais sur mon front un bataillon en tirailleurs. Près de joindre les Anglais, nous avons reçu un feu très vif de mitraille et de mousqueterie. C'était une grêle de mort. Les carrés ennemis avaient le premier rang genoux en terre et présentaient une haie de baïonnettes. Les colonnes de la 1re division ont pris la fuite les premières : leur mouvement a entraîné celui de mes colonnes. En ce moment, j'ai été blessé ; le haut de mon humérus droit a été traversé par une balle venant de haut en bas ; l'os n'a pas été touché. Après avoir reçu le coup, je croyais n'avoir qu'une contusion ; je suis resté sur le champ de bataille. Tout le monde fuyait ; j'ai rallié les débris de ma division dans le ravin adjacent au bois de Hougoumont. Nous n'avons pas été suivis ; même notre cavalerie a continué à tenir les plateaux ; celle de l'ennemi n'osait plus bouger.
Le feu de l'ennemi était si vif et si dru qu'il atteignait nos soldats jusque dans les ravins. Le bois d'Hougoumont nous était funeste. Vers sept heures du soir, on a entendu une grande canonnade du côté de Planchenoit ; c'était les Prussiens qui débouchaient sur notre droite et en arrière. Notre canon placé sur la grande route répondait à leurs attaques. Il fallait ou se retirer sans attendre leur arrivée, ou tenter un dernier effort contre les Anglais. La Garde impériale a marché ; elle a été repoussée. L'armée ennemie a pris l'offensive par la grande route. En peu d'instants, notre magnifique armée n'était plus qu'une masse informe de fuyards. On a dételé les canons, coupé les traits des chevaux. Tout le matériel de l'armée, équipages et artillerie, a été perdu. Il n'y a plus eu de drapeaux ; chacun a fui pour son compte vers la Sambre. Les ennemis ont chargé notre gauche assez faiblement, à hauteur de la Maison du Roi. Ils ont poursuivi la grande colonne du centre, où était l'Empereur, jusqu'à Genappe. Il faisait clair de lune ; les ennemis se sont arrêtés vers minuit ; nous, nous avons continué à fuir. Deux jours plus tard, nous n'avions pas encore de points de ralliement. Deux mille chevaux, qui auraient passé la Sambre, n'auraient pas permis à un seul d'entre nous de s'échapper ; l'armée anglo-prussienne n'a pas fait de mouvement le 19. Était-elle occupée à réparer ses immenses pertes ? Craignait-elle d'avoir affaire à l'armée fraîche du maréchal de Grouchy ?
Aucune catastrophe de l'histoire ne peut être comparée à la bataille de Mont-Saint-Jean. C'est le dernier jour de notre gloire ; c'est le tombeau de l'Empereur et des Français. Malgré l'affreux résultat, je ne peux blâmer Napoléon. L'occasion était unique pour avoir à combattre les Anglais seuls. Il fallait les attaquer de front, car si on eut voulu les manœuvrer, on donnait aux Prussiens le temps d'arriver. L'armée a été disposée d'après cette manière de voir ; on voulait que tout le monde combattît. Tout a été engagé, jusqu'au dernier peloton. C'est une action de désespérés. Ordre parallèle, emploi absolu de tous les moyens. L'Empereur aurait pu ne pas faire sa dernière attaque du soir et se retirer avec quelques trophées et sans avoir perdu un canon. Mais alors il fallait repasser la Sambre, avec 25 ou 30 000 hommes de moins qu'on n'avait en la passant. Comment engager la lutte avec les Russes, les Autrichiens et le reste des coalisés, après s'être retiré avec perte devant les seuls Anglais ? Quel que soit le résultat de la bataille de Mont-Saint-Jean, il vaut mieux pour l'humanité, si notre cause devait périr, qu'elle ait été perdue en un seul coup que par des actions de guerre souvent répétées.