Charles de Rohan, duc de Rohan-Rohan, prince de Soubise, maréchal de France, dit le maréchal de Soubise, né en 1715 et mort en 1787 est un homme de guerre et un ministre français du XVIIIe siècle.
Le prince de Soubise naît à Versailles le 16 juillet 1715. Il est le fils de Jules de Rohan, prince de Soubise, capitaine-lieutenant des gendarmes de la garde du roi et de Anne-Julie-Adélaïde de Melun. Ses parents meurent à Paris de la petite vérole en 1724, Soubise est donc orphelin à l'âge de neuf ans. Il est alors confié à son grand-père Hercule Mériadec de Rohan, duc de Rohan-Rohan, qui l’élève à la Cour où Soubise est compagnon de Louis XV, qui a cinq ans de plus.
Soubise entame bientôt une fulgurante carrière : mousquetaire gris à 17 ans, capitaine à 18 ans, brigadier à 25, maréchal de camp à 28. Aide de camp, intime de Louis XV et protégé de madame de Pompadour, il participe à la bataille de Fontenoy en 1745 et il est nommé lieutenant général en 1748, un an avant d’hériter de la seigneurie de Roberval, Rhuis et Saint-Germain.
Très attaché à sa seigneurie de Roberval, il y entreprend de nombreux travaux d'embellissement. Dans le même temps, Louis XV le nomme gouverneur général de la Flandre et du Hainaut, gouverneur, chef et grand bailli de Lille (1751). Il s'est démis durant cette année du gouvernement de Champagne, hérité de son grand-père. C’est probablement ce prince qui fait profondément modifier l’aspect du château de Roberval pour le mettre à la toute dernière mode. Lorsqu’il en hérite, le bâtiment date encore pour l’essentiel de l’époque de Larocque, le colonisateur du Canada. Il présente alors un plan en croix et une décoration qui évoque la deuxième Renaissance française (vers 1530/1560).
Le prince de Soubise fait abattre l’aile nord, puis redécore la façade et les intérieurs dans le style Louis XVI (en vogue de 1755 à 1780 environ et inspiré par la découverte de Pompéï). La façade, entièrement modifiée dans un style assez sobre et très élégant, est ornée d’un balcon supporté par deux colonnes aux chapiteaux doriques, elles-mêmes encadrées par deux « échelles » de pierre typiques du style Louis XVI (voir la place de la Concorde à Paris). La porte d’entrée, en plein cintre, présente un tympan garni de bas-reliefs. La fenêtre d’honneur, ouvrant sur le balcon, est surmontée d’une guirlande végétale tombante . L’avant-corps ouest est orné d’un œil de bœuf également surmonté d’une guirlande et les hautes toitures (sans doute plus anciennes car on préfère les terrasses sous Louis XVI) sont garnies de lucarnes au fronton triangulaire, d’œils de bœuf ovales surmontés de guirlandes et d’un bas-relief en pierre présentant lui aussi une guirlande.
L’intérieur est également remarquablement aménagé avec des consoles en triglyphe grec supportant des corniches de pierre, des frises de palmettes, des guirlandes de feuilles de chêne, de laurier ou d’olivier, des groupes d’enfants jouant, des médaillons sculptés en vases avec deux chutes de feuillages et un nœud de ruban au sommet, des glaces encadrées de motifs végétaux et surmontées de trumeaux sculptés en vases, des panneaux de bois peints en gris perle et sculptés d’agrafes, de bouquets et de guirlandes... L’ensemble (hormis les toitures) s’inspire beaucoup du Petit Trianon par Gabriel (1764). Les façades, les toitures et les décors intérieurs du vestibule d’honneur, du salon d’honneur, de la salle à manger et du grand salon du château de Roberval ont été inscrits à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques en 1993.
Le parc est sans doute également réaménagé mais on ignore le rôle exact du prince de Soubise dans son aspect actuel. Il est sans doute le commanditaire du jardin potager à la française, attribué à l’école de Le Nôtre ( le paysagiste était mort depuis 1700 mais son œuvre était encore imitée 60 ans plus tard). D’après un plan de Roberval levé à l’époque du prince (voir plus bas), l’espace rectangulaire cerné par les anciennes douves médiévales, formant un rectangle de 90 m x 110 m délimitant un espace de presque un hectare, est divisé en quatre parties régulières par des espaliers et des allées. Chacun des quartiers est lui-même divisé en quatre rectangles allongés. Soubise conserve la perspective (aujourd’hui disparue) percée par Larocque sur 700 m dans le prolongement du château, à travers prés et bois, en direction des collines de Rhuis . Sur le mont Catillon, un petit belvédère en forme de temple circulaire, coiffé d’un dôme de pierre supporté par des colonnes doriques, semble lui aussi de style Louis XVI. Le parc de Roberval dans son ensemble est inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques depuis le 29 mars 1947.
Le prince de Soubise donne ensuite de grandes réceptions au château et le loue parfois également (il faut bien rentabiliser les travaux !) à de grandes familles comme celle des Trudaine, riches négociants d’Amiens.
En 1753, Soubise fait réaliser une promenade-perspective (l’actuelle route de l’Église, à Roberval) entre son château et l’église du village, afin de remplacer le chemin tortueux et souvent inondé qui partait de l’actuelle « Basse Cour » du château. Les travaux sont réalisés gratuitement par les Robervallois au titre de l’impôt féodal de la corvée. Soubise, bon prince ( !), offre le terrain nécessaire. La Chaussée Neuve, comme on l’appelle alors, est un axe rectiligne de 1540 m de développement constitué (à l’époque) d’un fort remblai planté d’arbres. La moitié de ces arbres, devenus centenaires, seront d’ailleurs abattus en 1853 pour financer la construction de l’école.
Par malheur, la SANEF, méprisant une fois de plus les riverains, a choisi de planter en 1964 deux piliers du viaduc au beau milieu de la perspective, rompant ainsi un des seuls exemples d’urbanisme du siècle des Lumières dans un village de l’Oise.
A partir de 1780, Soubise tente également de mettre en valeur les pentes sablonneuses des coteaux de Roberval-Rhuis en y faisant planter des pins noirs. Malgré les destructions dues au passage de l’autoroute, il en reste de magnifiques descendants au-dessus de Noël-Saint-Remy, dominant le vallon de leur majestueuse silhouette sombre. Pendant que Soubise est seigneur de Roberval, Louis XV le nomme gouverneur général de la Flandre et du Hainaut, gouverneur, chef et grand bailli de Lille (1751). Il s'est démis durant cette année du gouvernement de Champagne.En 1755, Louis XV le nomme ministre d’État, en le faisant asseoir au Conseil d'en haut.
En 1756, l’Autriche déclenche une guerre en voulant reprendre la Silésie à Frédéric II de Prusse. Le prince de Soubise est envoyé par Louis XV pour aider l’Autriche mais il se fait tout d’abord battre par la Prusse à Rossbach en 1757 malgré sa supériorité numérique écrasante(54 000 vs 22 000). Bien qu'il ne soit pas commandant en chef, Soubise s’y montre incapable de coordonner l’action de ses troupes. L’annonce de ce désastre (10 000 tués, blessés ou prisonniers français et autrichiens contre 500 prussiens) est l’occasion, en France, de se moquer du favori de la marquise de Pompadour.
Après la défaite, un petit poème brocardant le vaincu de Rossbach courut les rues de Paris :
« Soubise dit, la lanterne à la main :
J'ai beau chercher, où diable est mon armée ?
Elle était là pourtant hier matin.
Me l'a t’on prise ou l'aurais-je égarée ?
Prodige heureux ! La voilà, la voilà !
Ô ciel ! Que mon âme est ravie !
Mais non, qu'est-ce donc que cela ?
Ma foi, c'est l'armée ennemie. »
Le maréchal résumera plus tard sa défaite en ces termes : «L'infanterie combattit sans empressement et céda à son inclination pour la retraite».
Soubise prend sa revanche en 1758 à Sondershausen et à Lutzelberg et reçoit pour ces faits d’arme le titre de maréchal de France, pair. En 1761, Soubise commande l’armée du Rhin qui compte 110 000 hommes. Il bat Brunswick à Johannisberg en 1762, mais en est néanmoins chassé de la Hesse. La guerre de Sept Ans se termine par le traité d’Hubertsbourg, signé entre la France, l’Autriche et les princes allemands et donne la Silésie à Frédéric II. Après cette guerre, Soubise est très en faveur auprès de madame du Barry. Protégé par les favorites du roi, il bénéficie de toutes les faveurs de la cour. En 1774, à la mort de Louis XV, le nouveau roi Louis XVI confirme Soubise dans son poste de ministre d’État.
D'abord très ébranlé par la banqueroute de son gendre, le prince de Guéméné, puis éclaboussé lors du scandale de l'affaire du collier de la reine qui touche un autre parent, son cousin le cardinal de Rohan, le prince de Soubise se retire des affaires et doit quitter le conseil des ministres. Il meurt à Paris 3 ans plus tard, le 1er juillet 1787, frappé d'une apoplexie à l’âge de 72 ans. De ses trois mariages, il eut deux filles. Madame de Guéméné et Charlotte épouse de Louis V Joseph de Bourbon-Condé. La branche de Rohan-Soubise s'éteint donc avec lui.
Le prince de Soubise fut un homme de grand courage dans sa carrière militaire, mais s’il n’eut pas toujours un grand génie stratégique, il fut brave, infatigable, exact sur la discipline. Il fut très humain envers ses soldats (bien que sur la fin ils le détestaient ne voyant en lui qu'un courtisan et lui préférant son rival le maréchal De Broglie mis de côté par les intrigues de la cour). Il écrit par exemple en 1755 : "je crains que les troupes ne s'en ressentent" ; "ce serait grand dommage de les exposer aux maladies" ; "les troupes sont belles et pleines de bonne volonté" ; "veiller de préférence à tout à la conservation des troupes"
Il ne fut pas toujours apprécié par les militaires : le général Dumouriez écrivait en 1791 : « le prince de Soubise est le plus riche seigneur de la France. Ce général est un fléau national, rien ne le rebute ; il a beau être déshonoré et flétri par les chansons, les brocards et les malédictions, il a une ambition constante et inaltérable. Les injures et les plaisanteries ont été poussées jusqu'à l'indécence, on en a fait un gros recueil, intitulé la Soubisade » !
Libertin, le prince de Soubise était aussi un grand bibliophile. Il représenta fort bien l’esprit du siècle des Lumières, comme l’atteste la correspondance de Voltaire qui ne craignait pas de faire passer à Soubise des exemplaires de libellés irréligieux qui se fabriquaient à Ferney.
Mélomane, c’est Soubise qui fit installer le premier kiosque à musique de France (inventé par lord Ranelagh en Angleterre), dans les jardins du château parisien de la Muette, dont il était gouverneur.
Au temps où il était élégant d'être cuisinier, le gastronome Soubise se fit une gloire avec la sauce aux oignons dont il agrémentait ses canetons. La sauce Soubise accompagne aussi bien les œufs durs que certains rôtis de veau ou des légumes.
Source :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_de_Rohan-Soubise
www.roberval.fr/article/articleview/3306/1/1505/
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